Tokyo n'est qu'une sombre histoire.
Ce sont des catacombes, ça n'a plus l'air d'une ville. Les gens comme moi ont été optimistes, pensant y naître, y vivre, s'y marier, y avoir des enfants, y travailler et y mourir. On s'y attendait pas, vous savez.
Un jour, ça nous est tombé dessus, comme ça. Le premier ministre est apparu sur les écrans de la métropole avec son air désolé et accablé. On a jamais retenu rien de plus que les mots "crise", "sans espoir", "défaite" dans son discours. Tokyo a sombré dans la faillite en 2006, et pourtant, qu'est-ce que ça a changé ? On se dit toujours que les malheurs n'arrivent qu'aux autres. Que c'est les autres qui sont touchés par la crise. Alors nous avons vu la jeunesse se révolter, s'engouffrer dans des affaires trop sombres. Trafics, vols, une délinquance qui n'a cessé de s’accroître et qui a petit à petit pris le nom de gang. Eldorado, le tout premier qui a fait parler de lui. Dehors, nous avons vu les jeunes se battre. Aux poings, aux couteaux, aux mots. Ils n'ont que la rage et la faim à la bouche parce que leur avenir ne pouvait plus être assuré.
Et si seulement la crise avait été notre seule ennemie.
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